Rencontre avec Yohan L, formateur à l'ESCT Montreuil sur le module CRÉATION & GESTION D'ENTREPRISE
Depuis quand êtes-vous formateur sur le module « Création et Gestion d’Entreprise » pour les étudiants BAC+5 de l’ESCT Vincennes-Montreuil et quelle est votre activité professionnelle ?
Je suis formateur à l’ESCT Paris-Montreuil, depuis septembre 2016.
En plus d’être formateur, je suis expert-comptable et commissaire aux comptes indépendant. Je suis dans la profession depuis 2004. L’expert-comptable c’est le « couteau suisse de l’entreprise ». Ses domaines d’intervention sont très larges : la comptabilité, le droit fiscal, le droit social, le conseil à travers l’aide à la gestion et à la décision.
Être formateur à l’ESCT me permet donc de partager la passion de mon métier et mon expérience.
Comment se structure votre cours ?
En complément du cours de Jean-Philippe Ferreira, mon cours est scindé en 3 parties, réparties sur trois demi-journées :
L’aventure entrepreneuriale : Nous partons de sociétés très connues et nous allons dérouler leurs évolutions dans le temps : de leur création à aujourd’hui. L’objectif est de prouver aux étudiants, avec des exemples concrets, que rien n’est figé dans le temps. Une entreprise est un « être vivant » qui évolue, sous peine de disparaître.
Cette partie de mon cours est un réel échange avec les étudiants. Cela leur inculque une certaine culture générale autour de l’entreprise avant de s’intéresser à la partie financière.
L’entrepreneur : On va s’intéresser à savoir quelles sont les qualités pour devenir entrepreneur et qu’est-ce qui fait que l’on en devient un.
Cette partie permet de déconstruire certaines idées reçues ou légendes qui pourraient leur faire peur pour se lancer dans l’entrepreneuriat. Par exemple, les personnes ont l’impression que le chef d’entreprise doit être charismatique alors que cela n’est pas obligatoire. Il existe différents profils.
Partie financière : Dans cette partie, nous abordons le plan de financement et d’investissement, le comptes de résultats et le plan de trésorerie
J’essaie de leur faire comprendre que les chiffres ne correspondent qu’à une traduction économique du projet d’entreprise.
Ainsi, pour éviter que les étudiants ne soient que dans la technicité des tableaux, nous utilisons un outil spécifique pour la réalisation de business plans : « RCA », c’est un éditeur métier orienté expert-comptable.
Les étudiants réalisent leur prévisionnel dans l’outil et cela leur permet d’avoir un meilleur rendu et un recul sur leur travail.
Je veux qu’ils comprennent à quoi correspondent les chiffres, la notion de résultat, la trésorerie.
Pendant cette partie chiffrée, on aborde également la gestion de l’entreprise.
Quelles sont les étapes pour construire un plan financier ?
Les étapes que l’on voit avec les étudiants sont :
Un plan d’investissement : Quels sont les investissements que je dois réaliser pour mon activité. Ensuite, il faut déterminer les financements nécessaires entre l’apport personnel et l’emprunt ou d’autres types de financement.
Un compte de résultats (chiffre d’affaires, dépenses) : On relie toujours le compte de résultats à la stratégie de l’entreprise.
La trésorerie : Savoir si l’entreprise que l’on projette de créer va générer assez de trésorerie pour rembourser les emprunts, faire de nouveaux investissements et verser des dividendes aux associés.
Dans cette partie financière, nous abordons donc à la fois la partie rentabilité et la partie trésorerie. L’étude est complète et peut même être utile à ceux qui ne souhaitent pas créer leur entreprise : certains managers de projets BTP deviendront plus tard des directeur-trices d’agences et auront besoin de comprendre ces éléments.
Quels sont les points fondamentaux de la partie financière du business plan ?
Il y a des notions que les étudiants savent très bien appréhender : c’est combien je dois investir et combien je vais dépenser. Néanmoins, ce qui pêche c’est de savoir comment je me finance et comment je réalise mon chiffre d’affaires. Ces deux points sont très importants. Ils permettent d’aborder des notions de stratégie et de communication.
Sur quel point faut-il être le plus vigilant ?
Sur tous les points ! Un prévisionnel n’est que du papier. Ensuite, il faut être dans l’action : réaliser et concrétiser son projet.
Gare aux fausses bonnes idées ou aux idées qui ne passent jamais au stade de projet.
Il faut être vigilant sur son investissement et ne pas être trop optimiste.
Et mon dernier conseil est de ne pas embaucher trop vite.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat ?
De croire en son projet et d’être entouré de bons professionnels.
Il est parfois possible de tester à blanc son projet, c’est-à-dire, quelques mois avant la création de sa société, créer une fiche « google business » et mettre son site en ligne. Ces « hameçons » permettent de savoir si le projet intéresse des personnes.
L’un des atouts principaux pour réussir dans l’entrepreneuriat est aussi d’être un bon gestionnaire.
Quels ont été les business plans qui vous ont le plus marqués/surpris ?
Surpris du sujet : un projet avec des drones de combat.
Je me rappelle également d’un business plan autour d’une auberge de jeunesse sur Annecy, j’avais bien aimé le projet. Puis, il y a eu des choses très qualitatives. Cette année on a eu un projet de location de mini pelles. Leur business plan était très bien réalisé, j’avais rarement vu cela, même dans un cadre professionnel.
C’est rare que les projets soient réalisés mais le plus important est que les étudiants aient mis un pied dans l’entrepreneuriat. L’essentiel, c’est que demain, ils comprennent la vision de leur chef d’entreprise et qu’ils n’aient pas ce sentiment que l’entreprise fonctionne toute seule.